Chaleur.
La fumée entoure son visage. La
seule chaleur de la pièce vient de ce tabac qui s’embrase au bout de ses
lèvres. Elle ne tire pas sur le cône de papier. Elle le laisse s’embraser,
regardant la fumée qui l’enveloppe dans une douce étreinte. La seule étreinte
que son corps connait. Son corps est froid, froid de solitude. Elle a cherché
par tous les moyens de se réchauffer. Le tissu. Les flammes. Le sang. Même son
propre sang est plus froid que l’air ambiant. Elle a alors cherché la chaleur d’un
autre corps. Un corps inconnu dans des draps inconnus, dans une ville inconnue,
l’air encore jamais respiré jusqu'à maintenant. Mais son extérieur comme son intérieur
sont restes aussi froids que de la glace. Alors, elle reste la, allongée sur le
parquet froid de sa chambre froide, presque nue, ses poils ne se dressent plus,
elle n’a plus la chaire de poule. Elle a fini par s’y habituer à cette
froideur. A la froideur de son être tout entier. Une cendre s’écrase sur son
visage, la brûle un instant. Mais elle ne sent pas la chaleur. Elle sent le
picotement de la brûlure. Mais pas la chaleur qui l’accompagne habituellement. Ce
froid était devenu familier. Ce froid était devenu son ami intime. Elle l’accueillait
les bras ouverts.
Cependant, voila que les larmes
coulent sur ses joues, la brûlant comme une flamme. Elle se redresse en
hurlant. De peur. De surprise. D’une prière enfin exaucée. Du bout des doigts,
elle recueille les perles brûlantes, accueillant cette chaleur comme une
vieille amie perdue depuis trop longtemps. Elle se laisse aller aux larmes,
pleurant de joie en ressentant cette chaleur. Elle frissonne, sentant un
courant d’air. Elle en rit. Elle en pleure. Elle se lève, elle danse, elle ferme
les yeux. Elle rit. Elle revit.
Cette chaleur qui avait disparu
de son corps. Cette chaleur qui lui était devenue étrangére, redevenait une
amie familière. Une présence rassurant. Son corps irradie. Elle regarde ses
mains, ses bras, son corps. Elle se place devant son mirroir, gardant les yeux
fermés, effrayée de ce qu’elle pourrait y voir.
Elle ouvre les yeux. Elle
rencontre son regard. Une étincelle y est allumée. Une étincelle qui l’éblouit.
De bonheur. De vie.
De chaleur.

Magnifique. Plus je le lis, plus je le trouve beau.
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